Donner au travail un rythme humanisé

par Edmond Bourque
Président et éditeur


Voici le dossier périodique sur les technologies de l'information… Mais cette fois, on n'y trouvera pas la fébrilité qu'elles pouvaient susciter il y a quelques années. Malgré la fascination qu'elles exercent toujours, l'heure est à la lucidité : elles ne sont pas la panacée qu'on espérait, et sont loin de convenir dans toutes leurs applications à toutes les entreprises. Aussi, ses percées innovatrices sont-elles de plus en plus ciblées et adaptées à des besoins précis.
On constate donc que les TI se trouvent à une période charnière de leur évolution. Après avoir imaginé toutes les possibilités qu'elles recèlent, on commence maintenant à s'attarder à leurs effets car, loin de résoudre tous les problèmes, on n'a plus le choix de voir qu'elles en créent aussi. En effet, force est d'admettre qu'en transformant en profondeur les modes d'organisation du travail, elles ont ouvert la porte à des pratiques qui compromettent bien des équilibres.
Aussi avons-nous provoqué le hasard en faisant se confronter cette problématique des TI et notre dossier sur la santé mentale au travail. Car plusieurs spécialistes nous le disent : le rythme effarant que les technologies insufflent aux organisations devient souvent insoutenable. Ainsi, se retrouvent-elles sérieusement pointées du doigt, relativement à l'augmentation spectaculaire des troubles psychologiques à laquelle on assiste depuis la dernière décennie. Autre cause qui y coïncide : les organisations, guidées par leurs impératifs de croissance pour parer fiévreusement la concurrence mondiale, implantent des changements parfois désordonnés dans leur mode de gestion. Le personnel, qui les absorbe par vagues successives, n'a pas le temps de s'aligner sur un virage qu'un autre survient. Il s'ensuit un effritement de la base humaine et sociale sur laquelle devraient reposer les organisations. Dans ce tourbillon, comment penser que les employés peuvent s'en sortir indemnes?
Quelques figures dans ce numéro font toutefois contrepoids à cette inquiétante tendance. Gestionnaire qui travaille à exercer ses fonctions «autrement», en humanisant celles de son équipe, Claude Perron, président de Shire Canada, nous rappelle que parmi les nombreux défis que doit affronter l'industrie apparaît celui de sa propre relève. Et parlant de relève, Lise Lavoie Gauthier, présidente de Mentorat Québec, affirme que, exempt des impératifs de compétitivité et de productivité, le mentorat est le plus riche des modes d'accompagnement parce qu'il est d'abord basé sur une relation interpersonnelle désintéressée entre guide et guidé. Enfin, en préparation de l'adoption prochaine d'une première politique du médicament au Québec, Russell Williams, président de Rx&D, rappelle à l'ensemble des intervenants de l'industrie qu'au coeur de toute décision qui la concerne doit se trouver le souci premier du bien-être des personnes malades qu'elle touche.
Replaçons résolument l'humain au coeur du travail en gardant à l'esprit que la santé de notre économie n'est possible que par ceux qui en sont les artisans, employeurs comme employés. Réfléchissons et, ensemble, recherchons l'équilibre souhaité entre l'effort et la récompense que tous avons le droit d'en retirer!
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