par Esther Aliénor
Le long d'un littoral ciselé par les assauts des ressacs millénaires, la station balnéaire de Biarritz se campe fièrement face aux rayons d'un soleil qui courtise les ondes turbulentes de l'océan souverain. C'est là, sur le balcon de la côte sauvage et fière des Basques que se dressent les fastueuses façades impériales de l'
Hôtel du Palais dont les fenêtres s'ouvrent sur l'horizon céruléen. Tel un joyau enchâssé dans la falaise, cet établissement de prestige enchante les visiteurs par le raffinement de son hospitalité. Et entre ses murs, témoins de munificentes agapes princières, vibrent encore les accords voluptueux d'un ravissement qui survit au temps.
Rien ne semblait prédestiner ce paisible village de pêcheurs à devenir la Mecque incontestée des villégiatures luxueuses. Depuis le XIe siècle, les hardis marins biarrots y bravaient la mer houleuse pour chasser la baleine, jusqu'à ce que ces dernières désertent le golfe, les invitant à repousser les limites de l'espace. Beaucoup de ces Basques intrépides allèrent jeter leurs amarres jusqu'à Terre-Neuve et au Québec, partageant avec les Amérindiens la passion d'une mer alors giboyeuse.
Si Biarritz, Reine de l'océan, a acquis ses lettres de noblesse sur la réputation de ses bains de mer, il a fallu attendre le début du XIXe siècle et l'apparition d'une nouvelle bourgeoisie pour que ses plages symbolisent un nouvel art de villégiature. Victor Hugo, charmé lui aussi par le paysage et l'amabilité des Biarrots, se lamente déjà :
«Biarritz est un lieu admirable. Je n'ai qu'une peur, c'est qu'il ne devienne à la mode.» Sa crainte ne sera pas démentie car, à la suite des Anglais, les aristocrates espagnols, si proches voisins par-delà les Pyrénées, sont également tombés sous le charme du petit village basque aux grottes profondes. En 1835, la guerre civile éclate sur la péninsule ibérique, déplaçant vers la terre Aquitaine les grands d'Espagne dont Eugénie, fille du comte de Montijo.
Les deux amours d'Eugénie
Eugénie, petite fille candide et gracieuse, sera conquise par la beauté profonde d'une nature sauvage et authentique. De ses années d'exil, elle gardera le souvenir d'une harmonie et d'une sérénité dont elle ne voudra plus se passer. La jeune réfugiée ne sait pas encore que son destin la conduira à occuper un trône impérial et à marquer de sa présence la ville de Biarritz. C'est en 1853 que sera célébré son mariage d'amour, digne des plus incroyables contes de fée, avec l'empereur français Napoléon III. Eugénie se révèle un être fidèle et son époux un amoureux transi qui, moins de deux ans après leur union, fera ériger pour sa bien-aimée une villa en forme de E.
La Villa Eugénie deviendra la résidence d'été du couple impérial. à leur suite, les têtes couronnées d'Europe, la bourgeoisie rendue outrageusement prospère sous le Second Empire, et certains artistes célèbres affluent sur la grande plage de Biarritz. Débute alors le règne des loisirs luxueux dont la Villa Eugénie sera le théâtre central : bals, saynètes vivantes, tables tournantes, croisières, feux d'artifice, parties gourmandes à la campagne. Les temps sont fastes pour Biarritz qui adopte le rythme très mondain d'un gratin européen ne songeant qu'à danser& La guerre franco-allemande de 1870 y mettra fin, entraînant la déchéance de l'empereur et son exil en Angleterre, en compagnie de son épouse Eugénie et de leur fils unique.
Une villa devenue palais
Dès le début du XXe siècle, la Villa Eugénie est rebaptisée
Hôtel du Palais, qui continue d'accueillir un cortège d'aristocrates et d'artistes qui s'animent au tempo frénétique d'une Belle Époque suivie par celle des Années folles& Après les ravages d'un incendie, en 1903, l'hôtel sera agrandi pour atteindre une capacité de 154 chambres. Traversant les deux guerres mondiales sans prendre une ride, sa vocation d'accueil du jet-set international reprendra ses droits. Dans les années 1950, les stars américaines de cinéma s'y donneront rendez-vous pour y côtoyer encore les têtes couronnées européennes qui n'ont jamais pu se résoudre à déserter Biarritz, encore moins son palace.
Aujourd'hui,l'
Hôtel du Palais demeure la résidence d'exception du pays basque en proposant à ses hôtes fortunés, célèbres et anonymes, les commodités modernes alliées au lustre d'antan. Et il vous suffira de franchir son hall d'entrée pour pénétrer dans un monde où l'opulence a une âme...
Un séjour idyllique
Avec ses 124 chambres et ses 30 suites, meublées en style d'époque, dont les grandes suites Alphonse XIII et Édouard VII aux dimensions et aux décors impériaux, l'
Hôtel du Palais atteint la quintessence de la perfection. Le confort du séjour peut aussi se prolonger dans la modernité du spa impérial Guerlain. L'impératrice n'avait-elle pas choisi Pierre-François-Pascal Guerlain comme fournisseur officiel de la cour? En guise de cadeau de noce, le créateur de parfums lui avait dédié une eau de Cologne impériale. L'Espace beauté de Guerlain dispose aujourd'hui de tous les secrets cosmétiques qui ont fait la gloire de sa maison. Il sera aussi possible de profiter, avec l'océan pour toile de fond, des massages et de la piscine intérieure d'eau douce. À l'extérieur, au bord de la piscine d'eau de mer, le restaurant Hippocampe propose chaque jour les richesses de sa gastronomie, que ce soit pour un petit dîner sous les cabanas ou pour un buffet de merveilles culinaires basques et internationales.
Mais le soir venu, il sera temps de prendre place dans la vaste salle à manger du restaurant La Rotonde et d'y admirer la lueur émeraude sur la ligne d'horizon annonçant la caresse d'un soleil couchant sur l'océan. Dans un abandon total devant tant de beauté, l'heure viendra de se délecter d'une cuisine impériale concoctée avec art par le chef Jean-Marie Gautier.
Un séjour à l'
Hôtel du Palais transcende le quotidien. Là, Eugénie et son empereur ont vécu les plus authentiques et chaleureux moments de leur règne. Là, l'espace d'une visite nous pouvons, nous aussi, décider de nous transfigurer en Altesse impériale et nous laisser bercer par l'émotion ouatée d'un monde choyé, si magnifiquement...
Hôtel du Palais
64200 Biarritz
France
Téléphone : 33 5 59 41 64 00
Fax: 33 5 59 41 67 99
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