Le Palacio de Santa Paula
Dans un palais renaissant

par Esther Aliénor

Hérissée sur les contreforts de la Sierra Nevada, la ville andalouse de Grenade exhibe une beauté plus éclatante que le fruit du même nom. Derrière sa ceinture de murailles, la richesse grenadine d'antan se reflète encore dans l'eau tremblotante des fontaines et le parfum des jardins de délices ensorcelle toujours les esprits. C'est à un jet de pierre de la cité palatiale que le Palacio de Santa Paula s'élève d'une grandeur toute renaissante. Là, à l'ombre de l'Alhambra, les hôtes de ce monastère converti en palais de luxe se transforment le temps d'un séjour en conquistadors ou en sultans conquis.


C'est en 711, dans le sud de l'Espagne, que les Maures ont entamé une folle conquête vers le Nord en y établissant les premiers bastions de leur épopée. Une conquête musulmane à laquelle Charles Martel mettra fin à Poitiers, en l'an 732.
Son aïeule : l'Arabie
La présence arabe s'est néanmoins prolongée
en terre andalouse durant plus de sept siècles. Usé par des querelles intestines, l'émirat puissant qui gouvernait le sud de l'Espagne s'est désagrégé en une multitude de sultanats, dont celui de Grenade, capitale du royaume des Nasrides. C'est en 1300 que le sultan Youssouf Ibn Nasr fit ériger le palais de l'Alhambra, chef-d'œuvre non seulement architectural, mais aussi hydraulique. En effet, les architectes musulmans étaient parvenus à alimenter les fontaines du palais et de la médina à même les eaux de source de la montagne.

Pendant ce temps, les Rois Catholiques lorgnaient toujours d'unœil jaloux les bastions islamiques dont ils avaient été dépossédés des siècles auparavant et lançaient leur croisade
dans un esprit
de reconquête chrétienne. Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon auront eu raison de leur foi et se virent remettre pacifiquement, le 2 janvier 1492, les clés de la cité aux mille créneaux festonnés. Au même moment, Christophe Colomb était en passe de conquérir un Nouveau Monde…

Quant au dernier calife de Grenade, Boabdil, humilié, il essuya le dernier camouflet d'une mère sans pitié : «Pleure, mon fils, comme une femme, un royaume que tu n'as pas su garder comme un homme!» Bien plus tard, à même l'emplacement de la nécropole des Nasrides, en plein œur de l'Alhambra, Charles Quint fit ériger, en 1526, son propre palais et fit ouvrir les premières portes d'une université qui demeure aujourd'hui un fleuron de la culture hispanique. Dans la foulée des conversions, les catholiques assuraient avec autorité leur omniprésence. Jusqu'en 1600, les musulmans et les juifs prirent pour la plupart la voie de l'exil vers des cieux plus accueillants, de l'autre côté de la Méditerranée. L'Espagne était en train de construire les solides fondements d'une nation profondément catholique.
Un palais monacal
























C'est donc en pleine folie de la Reconquista que le couvent de Santa Paula fut fondé, à deux pas de l'Alhambra. L'immense monastère de deux étages a été rehaussé de trois autres étages au cours du temps. La façade de la bâtisse principale, aux fenêtres surmontées d'écussons entourés d'une ornementation très fouillée, témoigne de l'art mudéjar. Car le Palacio de Santa Paula reflète parfaitement cette époque de la Renaissance espagnole au cours de laquelle les artistes musulmans vontœuvrer à la construction d'édifices chrétiens. À l'intérieur de l'imposant bâtiment se cachent ainsi des trésors préservés : chapiteaux de style mauresque, sculptures de plâtre polychrome, lambris de bois sculpté, colonnes corinthiennes, balustres de pierre et peintures murales. Des siècles d'histoire résonnent dans les hauteurs des couloirs et, au centre de la cour du monastère, murmure encore le doux clapotis de la fontaine.

Inauguré en 2001, le Palacio de Santa Paula doit son attrait au soin extrême que la compagnie hôtelière AC Hotels Selection a consenti afin de restaurer les richesses architecturales malmenées par le temps et les négligences. La restauration, on l'aura compris, a scellé un harmonieux voisinage du design contemporain le plus chic et d’antiquités les plus authentiques : un mariage heureux qui plonge les hôtes dans une atmosphère dépaysante dominée par le confort et la paix.

Repos et plaisirs

Pour s'en repaître, il suffira de déambuler à l'ombre des galeries du cloître magnifiquement restauré, qui s'ouvre sur une cour carrée implantée au sein d'une construction de deux étages. Le péristyle, formé d'arcs à lancettes et d'arcs brisés au second niveau, étale une élégance toute corinthienne. Certaines des 75 chambres du Palacio de Santa Paula donnent directement sur la galerie du deuxième étage, alors que d’autres, situées au sommet de l'édifice, permettent de plonger le regard sur les ogives orientales et les croisées en trèfle des jardins de l'Alhambra. Dans le même style mudéjar, la petite chapelle attenante au cloître a été convertie en salle de banquets ou de réceptions de prestige, et présente de grandioses fresques polychromes.

Pour dîner, on choisira la fraîcheur du restaurant El Claustro qui a établi ses quartiers dans l'immense bibliothèque du couvent aux soffites de bois ouvragés. Là, dans le calme d'un recueillement gastronomique, les convives ont l'occasion de découvrir une cuisine savoureuse et imaginative : lentilles aux fruits de mer, filets de sole aux épinards, thon sauté aux oignons, morue à la tomate, ou encore le porc ibérique au Porto accompagné de Trinchat. Et pourquoi pas un pigeon à la sauce chocolatée?

Et pour ceux qui désirent goûter à l'art de la remise en forme physique, le Palacio de Santa Paula dispose d'un centre entièrement dédié aux soins du corps au sein même du monastère. Une occasion sans pareille de s'adonner aux bienfaits d'un sauna et à l'ambiance orientale des bains turcs, avec leurs murs recouverts de la traditionnelle céramique mauresque, les azulejos.

Au centre de la cité grenadine, à l'heure où le jour et la nuit s'enlacent, le doux vent de la Sierra répand la senteur du jasmin et des orangers. Les hôtes du Palacio de Santa Paula ferment alors les yeux pour bien s'imprégner du bonheur de séjourner dans ce site d'exception et pour en emporter intact le souvenir.

Hôtel AC Palacio de Santa Paula
Gran Via de Colon, 31
18001 Granada
Téléphone : 958 805 740
Fax: 958 805 741
Email: psantapaula@ac-hotels.com
http://www.ac-hotels.com

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